bienvenu dans les viscères les plus abyssaux de mon névraxe, de mon apex et de mes synapses. Tout ce que vous allez contempler dans les pages qui suivent n'est qu'une matérialisation graphique de mes pulsions cardiaques que mon sensorium tente de maîtriser malgré la perplexité qui agite mes transmissions dendritiques. Alors bonne visite et bon voyage dans les tréfonds de mon IMAGINISATION ventriculaire.
Le dessin a toujours fait partie de mon quotidien, aussi loin que peut remonter ma mémoire, j’ai sans cesse le souvenir d’avoir crayonné. Des escaliers en perspective aux histoires d’un robot géant en forme de lézard, mes années «école primaire» ne furent pas de tout repos. Un peu plus tard, lorsque je fis mon intrusion dans le monde de l’informatique avec un Amstrad CPC, je me suis très vite retrouvé en contact avec un univers visuel féerique et fantastique. Entre les jaquettes des jeux vidéo et l’habillage graphique des magazines spécialisés que je lisais à l’époque (notamment Amstrad 100%), je fus grandement influencé par cet univers foisonnant. Baigné par cet imaginaire nonchalant et au combien voluptueux, mon trait imprécis trouva alors une source intarissable de références pour se perfectionner. En parallèle, toujours dans cette deuxième moitié des années 1980, j’étais très accro aux animés japonais que je dévorais avec fougue. Et ce déferlement de celluloïds sut aussi escorter mon apprentissage dans la pratique du dessin. Saint Seiya, Captain Tsubasa, Dragon Ball… tous surent m’accompagner et forger mon délinéament dans un style qui leur était propre. Même si le crayonnage occupait sporadiquement mes après-midi, la programmation restait malgré tout mon passe-temps favori, et après l’acquisition d’un Amiga 500, je m’immiscerai subrepticement dans le monde fascinant de la 3D.
Mais en 1991, je découvre le manga Akira de Katsuhiro Otomo, qui était alors publié par les éditions Glénat. Et là, c’est la grosse claque! Je m’immerge involontairement dans une frénésie sensorielle jamais expérimentée auparavant. La précision du trait d’Otomo, jumelé à ses mises en scène audacieuses, influence mon être dans son intégralité et m’oblige à gribouiller encore plus. Grâce à cette pratique opportune, le dessin retrouve une place importante dans mon activité et, étant un peu plus âgé et indépendant, je m’équipe donc de critériums, d’une panoplie de rotrings, de règles, de papiers Canson. Mes illustrations se veulent alors plus abouties, je me mets au grand format, jusqu’au 50x75 cm, je passe des heures à tracer des lignes parallèles pour tramer mes modèles, je peaufine mon style, je m’embourbe dans un foisonnement de détails. Il m’arrivera même de rentrer en transe tellement j’étais concentré et obnubilé par l’élaboration lancinante de mes œuvres. Toute cette belle époque prendra fin en 1997, date à laquelle je me plonge dans la photographie et commence à voyager. Sénégal, Japon, Écosse… je serais par la suite plus soucieux d’exposer mes agrandissements que de jouer avec mes crayons.
En 1999, je pars pour le long terme, en Amérique latine, et y fais un périple en auto-stop d’une année. Cette errance incertaine sur la Cordillère des Andes va m’obliger à prendre mon stylo pour écrire quelques notes, mais aussi, et surtout, pour dessiner. Tout s’élabore sur un petit carnet, les esquisses sont impulsives et naissent après quelques minutes. Rien de préparé, pas de croquis préliminaire, tout germera instinctivement de ma mine lors d’une pause café, lors d’une attente sur le bord de la route, lors d’une rêverie mentale pendant le crépuscule, ou lors de la conception d’un subreptice poème. Et c’est ainsi qu’en ce début de millénaire, commence ma période littéraire, et la composition de chacun de mes livres ne pourra se faire sans une panoplie de dessins pour l’accompagner. Je rentre alors dans une phase qui fût sûrement la plus productive que je connus, où l’écriture de mes vers s’acoquinait inlassablement à l’ébauche de mes illustrations. Je ne pouvais griffonner sans rédiger quelques mots, et je ne pouvais élaborer une prose sans en tracer sa représentation graphique. L’alchimie était complète. C’est fin 2006 que je termine mon troisième ouvrage. Cependant, j’ai d’autres histoires en tête, et même si elles ne verront le jour que sous forme de prémices imparfaites, je saurais les accompagner d’esquisses, elles, plus que parfaites. Et ce manège va durer jusqu’en 2009, date à laquelle j’effectuerai mon dernier dessin sur papier, et ce, sans n’avoir rien écrit de concret. Cette période aura été faste, intense, j’aurais peaufiné plusieurs techniques, à plusieurs styles, et tout s’arrêtera de façon bien brutale.
Cependant, quelques années auparavant, je m’étais remis à la 3D pour combler ce récent vide épistolaire qui s’abattit sur moi. Après l’acquisition d’une tablette Wacom, je me frotte avec surprise au Digital Painting et découvre un véritable plaisir à manier le stylet. C’est avec le logiciel Corel Painter que je fais mes débuts en peinture, début, car on peut le dire, je n’avais jusqu’alors que dessiné. Mon initiation se matérialisera avant tout en peignant mes anciens croquis, pour me faire la main et mieux appréhender ce fabuleux logiciel qu’était Painter. Par la suite, je m’achèterais différentes tablettes Samsung, de la Note 10 à la Galaxy tab S9 actuellement, et ce sera surtout avec Infinite Painter que je m’amuserai, trouvant cette application totalement intuitive et fonctionnelle. Je ferais de la peinture bien évidemment, mais aussi des dessins en noir et blanc pour ne pas perdre la gestuelle. Comme toujours, mes ébauches sont généralement conçues en peu de temps, me résignant à m’attarder plusieurs journées sur une même illustration. Cela reste donc impulsif, improvisé, inattendu… et ça me plaît énormément. À l’heure actuelle, je pratique toujours le Digital Painting, mais de façon plus sporadique, quand l’envie me démange. On peut le dire, je n’ai pas retouché au Rotring depuis maintenant 15 ans, mais ce qui compte avant tout, c’est de produire, de créer, peu importe le support de prédilection.
“IMAGINISATION” est un terme que j’avais inventé à la fin des années 90, afin d’intituler une exposition que j’allais faire sur Lyon. Ce mot me paraissait adéquat pour définir la profondeur viscérale de mes dessins de l’époque: celle d’offrir une imagination au spectateur, et non une image. J’ai décidé de réutiliser ce terme pour nommer ce site où vous pourrez contempler tout le travail que je possède en version numérique. Aucune esquisse de mon enfance ou des années 1980. En revanche, vous y trouverez pas mal d’ébauches de ma période Post-Akira, les estampes de mes recueils littéraires et toute la partie Digital. Cela donne pas loin de 800 illustrations, diverses et bariolées, donc prenez le temps de savourer. Dans tous les cas, merci d’être passé par là, et bonne visite.